Elie GAIGNEBET

Citation : “Lorsque j’aide quelqu’un à réparer son vélo voire qu’il apprend à réparer son vélo tout seul, j’ai l’impression d’avoir vraiment été utile.”
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Mot clé : Mobilités, Réparation
Peux-tu nous parler un peu de ton parcours professionnel et de ton engagement ? : J’ai suivi des études d’informatique et je travaille aujourd’hui en tant qu’informaticien. A côté de mon métier, je suis très engagé dans la transition écologique et sociale à travers mon combat pour le vélo. J'ai des activités militantes aux côtés d’ANV COP 21 ou d’Un Pont pour Tous et je fais de la sensibilisation en animant des ateliers de réparation vélo avec l’Attribut.
Quelle est ta vision d'un monde meilleur ? : C’est un monde avec plus de vélos car le vélo c’est l’écologie, la liberté et le social. C’est écologique car ça ne consomme quasiment pas d’énergie fossile et ça n’émet pas de particules dans l’air - particules qui tuent quand même soixante milles personnes par an en France. C’est aussi la liberté car il n’y a pas d’embouteillages ni de stress, on se gare facilement, et on roule plus vite ! En Ile-de-France, on roule en moyenne à 15km/h à vélo contre 14km/h en voiture. En plus de cela, le vélo coûte moins cher qu’une voiture - même si on prend un vélo électrique. On peut ajouter que le vélo c’est aussi bon pour soi car on fait de l’activité physique régulièrement et c’est plus convivial que la voiture : en se déplaçant, on discute entre cyclistes, avec les piétons et avec les commerçant-es.
Pourquoi agir dans la transition écologique et sociale ? : Le constat est clair selon moi : chaque Français émet environ 12t d’équivalent CO2 alors que pour limiter le changement climatique et respecter les Accords de Paris, on devrait être à 2t. Il faut donc réduire clairement son empreinte carbone, c’est urgent ! C’est pour cela que je me suis engagé à l’échelle individuelle en changeant ma consommation et en la réduisant mais je pense que l’aspect collectif est aussi important pour faire changer les choses à plus grande échelle. A l’Attribut par exemple on a une recyclerie qui permet le réemploi des objets, on a une friperie pour le réemploi des vêtements, on récupère les légumes invendu, on a des actions zéro déchet auprès d’une vingtaine de famille Rissoise, on propose de la restauration bio et sans viande, et bien sur on répare les vélos, c’est ça qui permet à tout le monde de consommer autrement, sobrement.
Concrètement, en quoi consistent tes missions ? : Au sein de l’Attribut, j’anime un atelier de co-réparation vélo tous les dimanche à l’Idée Halle. L'objectif est d’apprendre aux gens à réparer leur vélo. Cet atelier est en commun : on a de nombreux outils mis à disposition de tout le monde, au lieu que chacun ait ses propres outils chez soi. D’un point de vue militant, j’ai créé le collectif Un Pont Pour Tous pour obtenir une piste cyclable sur le pont qui relie Draveil-Juvisy. On a fait trois manifestations à vélo avec une centaine de personnes, on a rencontré des maires et les collectivités territoriales. Avec ANV COP 21 on a même bloqué une voie du pont pendant une journée pour montrer que c’était possible de réduire les voies pour les voitures et d’en utiliser une pour faire une piste cyclable. Finalement, des aménagements ont été réalisés mais sont encore plus dangereux qu’auparavant. C’est compliqué l’engagement militant et on a échoué sur cette action ; au moins, lorsque j’aide quelqu’un à réparer un vélo, voire qu'il apprend à réparer son vélo tout seul, j’ai vraiment l’impression d’avoir été utile et de servir à quelque chose.
Peux-tu nous raconter un bon souvenir lors d'un moment d'engagement ? : Ce qui m’éclate ce sont les enfants. J’adore les voir à l’atelier, ils sont intéressés, ils écoutent et ils refont. Il n’y a pas longtemps, un petit garçon de 8-10 ans a pris les outils et a réglé ses patins de freins comme un grand. C’était super à voir !
As-tu des projets que tu souhaites développer à l'avenir ? : Nous avons le projet de développer l’atelier vélo en proposant de la location de vélo, des balades, d’initier l’achat d’un triporteur pour limiter l’utilisation de notre camionnette. Nous souhaitons avec l’Attribut proposer une fête/faite du vélo. Nous voulons à terme proposer de la réparation en embauchant un réparateur pro. L’idée est aussi de renforcer la communauté apprenante. L’usage du vélo se développera avec le développement des services liés au vélo même si, bien sûr, le développement de pistes cyclables est incontournable.
Que dirais-tu à quelqu'un qui souhaite s'engager mais qui ne sait pas comment s'y prendre ? : Pour commencer, je lui dirai de voter en cohérence avec ses valeurs et de se renseigner sur sa consommation. Je considère que l’on a un pouvoir énorme, en tant que consommateur, sur les choix des industriels, c’est d’ailleurs l’idée du terme “consom’acteur”. Par exemple, mon fournisseur d’électricité est Enercoop, C’est peut être un peu plus cher mais ça me semble essentiel pour rendre l’électricité plus responsable. Sinon, je lui dirai de nous rejoindre à l’Attribut, il y a plein de cercles et de projets en gestation. A l’atelier vélo, même celles et ceux qui ne connaissent rien sont les bienvenu-es pour entretenir leurs vélos, proposer des projets et partager des moments avec nous (en venant à l’Idée Halle en vélo bien sûr !)